Elections au CNESER du 26 novembre 1998

Catégorie : Autres enseignants-chercheurs, enseignants et chercheurs

" La recherche et la formation ne sont pas des marchandises "

Liste présentée par Sud Education

 

 

Le Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche est renouvelé pour 4 ans. Il est présidé par le ministre et constitué de 61 membres, 40 élus par les personnels et les usagers, 21 représentants des " grands intérêts nationaux " (parlement, patronat, organisations de salariés …).

Le CNESER donne des avis sur la politique ministérielle : grades universitaires, conditions de délivrance et établissements habilités, liste des formations sélectives de 2èmes cycles, carte universitaire des formations, liste des universités, des instituts et écoles internes ou externes, répartition des dotations et des emplois, contrats pluriannuels … Tout ce qui concerne l’enseignement supérieur et la recherche doit être soumis au CNESER ; mais si ses avis peuvent avoir une certaine importance, ils ne lient pas le ministère. Tout doit être débattu au CNESER, mais les problèmes liés à la recherche ne sont pas abordés, et surtout, ceux relatifs aux statuts des personnels ne sont pas de son ressort. Ainsi les projets présentés au CNESER font systématiquement l’impasse sur la situation des personnels non-enseignants. Leurs droits les plus élémentaires (mutation, réintégration, requa-lification des emplois …) ne sont pourtant pas respectés ; au contraire l’application des nouveaux projets renforçant autonomie des universités et privatisation, flexibilité et précarité, va encore dégrader leur situation.

On ne peut faire comme si les grandes décisions politiques et budgétaires s'appliqueraient indépendamment des conditions de travail des personnels qui les mettront en oeuvre.

Dans les faits, le fonctionnement de cette instance est à l’image du mouvement syndical : cogestionnaire pour l’essentiel (on amende les projets ministériels), ponctuellement revendicatif (le CNESER vote des voeux sur le budget, sur des projets de loi …), toujours bureaucratique (élus professionnels du CNESER, souvent permanents syndicaux).

Sud Education ne peut être à l’aise dans une telle instance, où l’essentiel de ce qui écrase l’institution universitaire disparaît derrière les critères de gestion, les pondérations, les amendements subtils. Quand le CNESER a-t-il parlé de la sélection sociale telle qu’elle se pratique à l’entrée de l’enseignement supérieur et au long des cursus, du coût des études, de la précarité, de l’absence de postes … ? Quand a-t-il contesté l’autonomie financière des établissements, la privatisation des services universitaires, les intérêts privés et/ou localistes (cf. Université 2000 ou U-3M), le placement de fonds publics en SICAV ou en participations douteuses ? Quand le CNESER a-t-il dénoncé le poids des hiérarchies et de l’autoritarisme, de l’arbitraire des primes sur la situation et les conditions de travail des personnels ?

Mais le CNESER est un lieu où les personnels sont représentés. Et où nous souhaitons manifester une autre approche syndicale, démocratique, indépendante vis-à-vis du ministère, refusant donc la cogestion, et porteuse des aspirations des personnels. Dans cet esprit, nous nous donnons les objectifs suivants :

- En premier lieu, la rotation des élus : le titulaire élu démissionnera au bout d'un an, son suppléant siégera un an puis démissionnera, et ainsi de suite …

- La dénonciation de la précarité (CES, CDD, vacataires, … et maintenant les emplois-jeunes). Nous exigerons qu’un recensement de tous les précaires, établissement par établissement, catégorie par catégorie, sur fonds publics, ressources propres ou par le biais d’associations, soit présenté au CNESER, et que désormais ils soient comptabilisés au même titre que les emplois de fonctionnaires. Ce qui constituerait une étape vers l’intégration de tous dans la fonction publique.

- La dénonciation des dizaines de milliers d’emplois assurés en heures complémentaires. Nous exigerons un état des lieux, leur comptabilisation dans les dotations des établissements et leur transformation en emplois publics.

- Nous demanderons qu’une évaluation réelle des tâches universitaires soit effectuée, et non l’application de normes technocratiques (GARACES, SANREMO, …) dont le but le plus évident est de masquer le manque de créations d’emplois, et d’appeler au redéploiement. Dans cet esprit, nous refuserons de cautionner toute répartition de la pénurie, et réclamerons les moyens en postes et en crédits dont le service public a besoin, en particulier pour lutter contre l'élimination sociale par l'échec.

- Nous revendiquerons une véritable égalité face à l'accès aux savoirs pour tous les étudiants.

- Le CNESER aura à se prononcer sur les suites du rapport Attali :

* Nous nous opposerons à toutes les dérives " entrepreneuriales " à l’Université (professionnalisation des diplômes, création d'entreprises de l'enseignement supérieur soumises au capital privé, de l’Agence de Modernisation des Universités et Etablissements, …), au renforcement de l’autonomie et du pouvoir discrétionnaire des présidents en particulier vis-à-vis des personnels (embauche, primes, promotions, licenciement).

* Nous refuserons les réseaux d'excellence, surdotés, que le rapport veut construire au sein des pôles universitaires provinciaux, et en général la formation à deux vitesses.

* Nous dénoncerons toute tentative de mise en place d'un premier cycle de type collège universitaire (en deux ans ou en 3 ans) encadré par des enseignants du second degré. Pour nous, l'enseignement supérieur, dans ses contenus et ses méthodes, est indissociable de la recherche.

* Nous nous opposerons au projet de sélection à l'entrée (dès bac + 3) des cursus conduisant à la thèse.

Notre conception de l'enseignement supérieur, ouvert, lié à la recherche, développant l'autonomie dans les apprentissages, préservant à tous les niveaux l'égalité des chances, est à l'opposé du schéma Attali, construit sur le modèle américain et ripoliné au discours républicain. Ce qui se prépare constituerait une contre-révolution libérale pour l'Université : tri des étudiants et sélection, secondarisation des trois premières années, généralisation des mécanismes du privé, concurrence accrue entre établissements, … et pour les personnels, soumission aux impératifs de l'entreprise et précarité.

Face aux atermoiements syndicaux, à la cogestion des régressions, manifestez votre attachement à un enseignement supérieur et une recherche démocratiques, élaborant et diffusant des savoirs critiques.

 

 

Sud Education

30bis rue des Boulets

75011 Paris


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