C.R. du CNESER du 21 février 2000

Section permanente et commission scientifique permanente

 

 

CNESER inintéressant (20 diplômes à examiner à l'ordre du jour...), à part deux évènements relatés plus bas. Il y aura un CNESER le 28/02/2000, concernant le financement de la recherche universitaire ainsi que les contrats Etat-Région. Je ne suis resté que le matin, et j'ai préféré reporter mes questions au 28. Si vous en avez d'autres, vous pouvez me les transmettre.

  1. Projet d'arrêté sur le 2ème cycle médical.
  2. Il s'agit d'une réforme annoncée par Jospin, en clôture des Etats généraux de la santé. Le texte est présenté par le " doyen Rey ". Le principe de cette réforme est de "décloisonner les disciplines" pour aller vers un enseignement "transversal" : cette méthode est supposée éviter les redites et les omissions dues au manque de concertation entre les enseignants. D'après Rey, il s'agit également "d'humaniser" les futurs médecins, qui se comportent trop comme des techniciens. L'histoire de la santé, ainsi que l'organisation de la médecine y seront abordées.

    Ce point soulèvera pas mal de questions, car les textes antérieurs comportaient une liste indiquant les matières obligatoires et optionnelles. Le texte présenté ne comporte pas une telle liste, bien que mentionnée comme figurant dans une annexe. Face à un expert (du SGEN ?) s'inquiétant de la possible disparition de certaines spécialités au niveau local, Rey fera plusieurs déclarations contradictoires. Au final, il semble que cette liste sera décidée par un Conseil supérieur de la médecine.

    Autre tir de barrage sur le côté saucissonné de la réforme des études de médecine : quid de la réforme du 1er cycle ? Rey s'en tirera par quelques considérations générales, sur sa volonté de transparence, et sur son respect du CNESER.

    FO (qui avait envoyé une MC du secteur biologique ou médicale) note que le texte ne mentionne pas l'accès de plein droit au 3ème cycle, contrairement au précédent. Pour Rey, le 3ème cycle semble se limiter à l'internat, accessible par concours.

    La section permanente (à laquelle SUD ne participe pas) adoptera le texte par 12 pour, 1 abstention, 1 contre.

    SUD s'est abstenu sur tous les textes relatifs au 3ème cycle (reçus très tardivement).

  3. Concours ENS-Europe.

Une épreuve de commentaire de document du concours ENS-Europe (document en français, commentaire dans une langue choisi par le candidat parmi 5 langues européennes) a été cassée en Conseil d'Etat. Le nouveau texte change juste la dénomination de l'épreuve, qui devient "épreuve destinée à apprécier la capacité du candidat à s'exprimer dans une autre langue que le français".

Il faut replacer cette histoire dans son contexte, car elle m'a beaucoup gêné. Le concours ENS-Europe est au niveau bac+2, et est destiné à recruter à l’ENS-Ulm des normaliens scientifiques d'origine européenne. Elle comporte une partie d'épreuves sur table (3, en nombre réduit par rapport au concours classique de l'ENS, une partie sur dossier (Curriculum+recommandations), donc non anonyme. En tant que concours européen, il est également ouvert à des étudiants français. Les étrangers peuvent passer le concours standard sans condition de nationalité, toutefois ils ne seront pas fonctionnaires stagiaires en cas de succès).

Pour moi, ce type d'épreuve constitue un moyen pour renforcer la cooptation et les relations de réseaux, de plus à un niveau bac+2 (on voit là qu'il n'y a pas besoin de CNU pour ça...).

FO avait invité un expert, ancien élève de l'ENS-Ulm, qui est à l'origine d'une pétition contre le concours de l'ENS-Europe qui a réuni près de 3000 signatures. J'avais rencontré cette personne par hasard 2 jours avant, qui m'avait parlé de son intention d'intervenir au CNESER, sans préciser. Son intervention débordera très rapidement la question de l'épreuve pour toucher au concours ENS-Europe, déjà ratifié par le CNESER. Il se fera donc couper le sifflet par le président de séance.

Je me suis associé à une motion proposée par l'expert FO (cf plus bas), signée également par FO, l'UNEF, l'UNEF-ID. Cependant, cette prise de position pouvait poser problème au sein de SUD (c'est une forme de défense de la tradition ENS, donc de l'élitisme), et je n'ai pas pris la parole. C'est une position médiane, la pire de toutes, et j'aimerais qu'il y ait un débat sur ce type de questions parmi nous, car ça rejoint à mon sens la problématique ouverte par AMC sur le CNU, les CPE, etc...

Il est difficile de prendre position (au CNESER ou ailleurs) sans savoir sur quel pied danser.

La suite est intéressante, bien que classique. L'expert de FO se fera incendier par la FEN, au nom de la nécessaire démocratisation de l'accès à l'ENS (la FEN débordera donc la question de l'épreuve, sans être interrompue par le président de séance). Bompart de la confédération CFDT s'insurgera contre le comportement non démocratique de l'expert FO. Le SNESup reprendra partiellement le leitmotiv d'une démocratisation de l'ENS, tout en se demandant si la solution adoptée est la bonne. Les syndicats étudiants soutiendront la motion demandant l'abrogation, tout en cherchant le rapprochement avec le SNESup sur le réexamen. L'UNEF fera très justement remarquer que parmi les 5 langues européennes envisagées manquent le portugais et le grec, ce qui en dit long sur l'aspect démocratique de ce concours.

Finalement FO appellera la section permanente à faire un refus de vote.

Résultats : 8 pour (FEN et autres), 4 abstentions (SNESUP et autres), 4 refus de vote (les deux Unefs (2), et peut être un autonome). Dans un premier temps, l'expert FO tentera de maintenir sa motion d'abrogation. Apres contact avec les deux UNEF et le SNESUP, plutôt pour un réexamen du concours ENS-Europe, il abandonnera, considérant que le rapport de forces obtenu est satisfaisant.

Emmanuel Guerre

___________________

Motion sur le projet d'arrêté relatif à l'arrêté "ENS-Europe", présenté par FO, l'UNEF-ID, l'UNEF, SUD-Education

Le CNESER, réuni le lundi 21 février 2000, demande au MENRT d'abroger l'arrêté du 27 novembre 1998 paru au J.O. le 19 février 2000, dit "ENS-Europe", dont 3300 pétitionnaires demandent l'abrogation depuis plus d'un an.

Le CNESER estime que l'ouverture internationale de l'ENS peut et doit passer par le développement des relations et des échanges entre l'ENS et les universités étrangères.

Il demande au Ministère de prendre les dispositions nécessaires pour multiplier ces échanges, en augmentant le nombre de pensionnaires étrangers de l'ENS et en permettant à tous ces étudiants de bénéficier d'une bourse d'études conséquente.